Skip to content

Cart

Your cart is empty

Article: Libérer son potentiel : Comment surmonter les pièges du perfectionnisme avec Daniela Venice de Haus of Intuitions

Libérer son potentiel : Comment surmonter les pièges du perfectionnisme avec Daniela Venice de Haus of Intuitions
bien-être mental

Libérer son potentiel : Comment surmonter les pièges du perfectionnisme avec Daniela Venice de Haus of Intuitions

Vous considérez-vous comme un(e) perfectionniste ?

Selon une étude menée en 2022 par Ipsos pour Pukka Herbs, un Français sur deux souffre de perfectionnisme au quotidien. Bien que souvent perçu comme une qualité ou une quête d’excellence, le perfectionnisme peut, paradoxalement, devenir un fardeau écrasant pour ceux qui y sont confrontés. Alimenté par des pressions externes – comme les exigences professionnelles et l’influence des réseaux sociaux – mais aussi par des attentes personnelles élevées, ce phénomène touche de plus en plus de personnes.

Derrière cette quête de perfection se cache une réalité complexe, marquée par l’épuisement émotionnel et la peur de l’échec. Les institutions éducatives, familiales et professionnelles jouent un rôle clé dans le développement de ces tendances, en façonnant dès le plus jeune âge notre perception de la réussite et de la valeur personnelle. Dans un monde où la performance est souvent priorisée au détriment du bien-être, il devient essentiel de repenser ces environnements pour valoriser l’erreur et l’imperfection comme des étapes naturelles de l’apprentissage.

Cependant, le perfectionnisme va bien au-delà des pressions extérieures : il s’enracine profondément dans la psyché, reflétant parfois une quête inconsciente d’approbation ou une peur de décevoir. Pour beaucoup, renoncer à des standards irréprochables semble incompatible avec la réussite, alors qu’au contraire, cela peut ouvrir la voie à une vie plus équilibrée et épanouissante.

C’est ce défi que Daniela Venice a choisi d’explorer. Forte d’une carrière dans le monde de la décoration et de l’architecture, elle se décrit comme une 'mindset architect'. À travers son rôle de coach en leadership avec Haus of Intuition, elle accompagne et guide ceux qui cherchent à transformer leur vision et à atteindre un équilibre durable.

 

  1. Le perfectionnisme est souvent perçu comme la clé du succès, mais il peut en réalité nuire à notre bien-être. Selon vous, qu'est-ce qui motive l'obsession de la société pour la perfection et pourquoi continuons-nous à l'associer au succès ?

Le perfectionnisme et l’obsession qui l’entoure constituent un sujet très complexe. Il est utile d’examiner ce qui se cache derrière la construction du perfectionnisme.

Au cœur du perfectionnisme réside souvent la honte. L’auteur Brené Brown parle longuement de la relation entre perfectionnisme et honte. Il s’agit de la croyance que, si nous sommes parfaits, nous pourrons éviter le jugement et l’inconfort liés à l’imperfection. Sur un plan plus profond, il s'agit du désir humain d’acceptation et d’appartenance. L’imperfection est redoutée car elle pourrait entraîner le rejet ou la perception que nous ne sommes pas à la hauteur. Cet état d’esprit relève d’une pression intérieure auto-imposée, plutôt que d’une contrainte extérieure. Cela fonctionne comme un mécanisme de protection biaisé qui produit l’effet inverse : l’autodestruction.

Personnellement, j’ai toujours ressenti le besoin de me prouver, motivée par la peur d’être "découverte" et peut-être rejetée. Cela s’aligne bien sûr avec le syndrome de l’imposteur : ce sentiment de ne pas mériter véritablement le succès ou d’être exposée comme étant inadéquate.
Je suis convaincue que l’association entre perfection et succès est en partie due aux messages que nous recevons constamment via les médias et les réseaux sociaux, ainsi qu’au manque d’éducation sur ce sujet. Ce que nous voyons dans le monde est souvent une version idéalisée du succès, qu’il soit financier, physique, spirituel ou personnel, renforçant l’idée que la perfection est nécessaire pour réussir. Ce manque d’éducation sur cette problématique permet à ces images de créer un piège de comparaison, et nous sommes conditionnés à croire que seuls les efforts sans faille méritent d’être célébrés.

Le langage joue également un rôle crucial. Lorsque nous qualifions des personnes ou leur travail de "parfaits", tout en ignorant leurs luttes en coulisses, nous établissons une norme irréaliste. Il est essentiel de reconnaître et de célébrer le travail "suffisamment bon" et d’accepter l’imperfection comme faisant partie de l’expérience humaine. Il est de notre responsabilité collective – employeurs, éducateurs, familles – de changer la conversation autour du perfectionnisme.

Je ne crois pas en l’existence d’une véritable perfection. Une scène récente du film Barbie illustre bien cela : elle parle des attentes irréalistes imposées aux femmes, mais le message s’applique à tous ceux pris dans le piège du perfectionnisme. Le personnage décrit comment les femmes doivent être parfaites en tout : mères, amies, partenaires et professionnelles. On attend d’elles qu’elles soient confiantes mais pas arrogantes, modestes mais pas effacées, séduisantes mais pas provocantes. Ces standards impossibles mènent à l’épuisement et à la frustration.

 

  1.  Dans un récent sondage réalisé par le Hardin Group et l’Université du Colorado du Nord, 86 % des sondés estiment que les attentes perfectionnistes affectent leur travail. Selon vous, comment les évolutions sociales, telles que l’essor des réseaux sociaux et la pression à toujours « travailler dur », ont-elles contribué à cette augmentation du perfectionnisme ?

Le fait que 86 % des gens se sentent concernés souligne à quel point il est essentiel de considérer le perfectionnisme comme un problème généralisé. Ce qui m’interpelle, c’est la manière dont ces individus perçoivent cette pression. Comme mentionné précédemment, le perfectionnisme est avant tout une construction intérieure. Alors, quels messages organisationnels viennent alimenter cette pression ?

Bien que l’essor des réseaux sociaux et de la culture du "toujours à fond" joue un rôle dans la montée du perfectionnisme, je ne pense pas que ce soient les seules causes. Prenons l'exemple d'une personne qui a pris conscience de ses tendances perfectionnistes et travaille activement à les gérer. Dans ce cas, l’influence des réseaux sociaux aura probablement moins d’impact sur elle que sur quelqu’un qui consomme des contenus de manière inconsciente. En réalité, le problème réside souvent dans un manque de conscience et d’éducation sur la véracité des images que nous voyons chaque jour, ainsi que sur l'impact qu'elles ont sur nous. Sans cette prise de conscience, nous devenons plus vulnérables au contenu nuisible qui renforce des idéaux perfectionnistes irréalistes.

 

  1. Quel rôle pensez-vous que les institutions – qu’elles soient éducatives, professionnelles ou familiales – jouent dans le développement des tendances perfectionnistes ? Comment pouvons-nous transformer ces environnements pour prioriser le bien-être plutôt que la réussite acharnée ?

C’est une question intéressante qui va au cœur de l’influence des institutions sur nos vies. L’éducation, le travail et la famille jouent tous un rôle puissant dans le renforcement ou l’atténuation des tendances perfectionnistes. Cependant, le défi réside dans le fait que beaucoup de gens ne sont pas conscients de ces tendances. L’éducation et la sensibilisation sont donc les premières étapes du changement.

Tout commence par l’éducation. Si nous introduisions des cours sur la gestion de soi et le bien-être mental dans les écoles, nous pourrions fournir aux enfants des outils pour comprendre comment fonctionne leur esprit. Nous pourrions leur apprendre à gérer leurs pensées et à comprendre que leur cerveau tente parfois de les protéger de manière maladroite. En sensibilisant les enfants dès le plus jeune âge, nous pourrions réduire la pression et le stress auxquels ils sont confrontés, tout en leur offrant des stratégies pour faire face au perfectionnisme. Cela ne résoudrait pas tout, mais cela poserait une base solide.

En repensant à mon expérience dans le monde de l’entreprise, je me souviens d’avoir été félicitée pour mes longues heures de travail – premier arrivée, dernière partie. Mais avec le recul, personne ne s’est jamais demandé pourquoi je ressentais le besoin de faire cela. On n’a jamais pris en compte le perfectionniste ou le « plaisir de faire plaisir » en moi. Le problème n’était pas les éloges en soi, mais la culture qui récompensait ce comportement sans en considérer les conséquences. Ce que j’aurais vraiment eu besoin d’entendre, c’était : « Ne laissez pas la quête de perfection devenir l’ennemie du suffisamment bon, prenez soin de votre santé mentale et rentrez chez vous à l’heure. »

Je pense que certains secteurs connaissent des changements positifs, en particulier dans les grandes entreprises qui ont de véritables stratégies ESG*, ainsi que dans l’émergence des B Corps**. Le développement des talents et le bien-être des employés deviennent progressivement une priorité, avec des formations, des ateliers, des séances de coaching et de mentorat.

Cependant, un grand pourcentage d’entreprises – notamment dans le secteur financier – fonctionne encore avec une mentalité de "nager ou couler", où les employés sont livrés à eux-mêmes sans beaucoup de soutien. Il existe une forte attente de performance, d’efficacité et de travail constant dans de nombreux environnements professionnels. Pourtant, tout le monde n’a pas appris à gérer ces exigences, ce qui fait que le perfectionnisme est souvent récompensé sans être remis en question.

Les organisations doivent changer de discours et encourager une approche plus saine de la gestion personnelle, en mettant le bien-être au-dessus de la réussite constante. Il est également essentiel que les individus prennent conscience de leurs propres mécanismes. Ils doivent se poser la question : « Qu’est-ce que je m’impose moi-même et qu’est-ce qui m’est réellement imposé de l’extérieur ? »

Quant à la famille, je pense que c’est le facteur le plus difficile à aborder. Créer un espace d’acceptation et de soutien à la maison est essentiel, mais de nombreuses familles manquent de ressources ou de sensibilisation pour encourager cela. Des facteurs externes comme l’éducation, le statut socio-économique, la race ou même les climats politiques peuvent compliquer la situation.

Dans un monde idéal, tous les parents seraient conscients de l’impact de leurs paroles et de leurs actions sur leurs enfants. Mais aucune prise de conscience ne garantit l’absence d’autres facteurs internes ou externes pouvant influencer négativement. Le changement doit venir de l’intérieur et cela nécessite une prise de conscience. Certains développeront cette conscience par l’éducation ou la croissance personnelle, tandis que pour d’autres, il faudra un déclic plus tard dans la vie, que ce soit par le travail, l’école ou la maturité. Même dans ce cas, agir reste difficile sans soutien.

 

  1.  De nombreux perfectionnistes craignent que renoncer à leurs standards élevés signifie compromettre leur succès. Que diriez-vous à quelqu’un partageant cette crainte ?

Tout d’abord – je comprends, et je vous entends : cette peur est réelle !

Mais voici la vérité, aussi inconfortable soit-elle : vous compromettez votre succès en essayant d’être parfait, et non l’inverse. Donc, rester dans cet état est plus préjudiciable que ce que vous redoutez.

Pour surmonter cette peur, il est utile de la déconstruire : que signifie vraiment le « succès » pour vous ? Est-ce votre propre définition, ou poursuivez-vous celle de quelqu’un d’autre ? Décomposer ces pensées peut révéler des croyances que vous n’avez peut-être jamais remises en question.

Exprimer ces pensées et engager des conversations à leur sujet peut être très bénéfique. Parfois, le simple fait de les entendre à voix haute suffit pour réaliser à quel point elles sont éloignées de la réalité. Ce processus demande du temps, mais il est incroyablement puissant. J’ai moi-même expérimenté cela, et je peux affirmer que plus je m’autorise à être imparfaite, plus je constate que mon travail n’a pas besoin d’être parfait pour avoir de la valeur.

Le changement est progressif et nécessite de la pratique. Mais une fois que vous prenez conscience de vos tendances perfectionnistes et commencez à opérer de petits ajustements, vous devenez de plus en plus apte à accepter l’imperfection.

 

  1. Vous avez partagé comment vous êtes passée d'une quête de perfection à une approche centrée sur la croissance. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce changement d’état d’esprit ?

Mon parcours est encore en cours. Je suis en “rétablissement” et j’accepte que les tendances perfectionnistes fassent probablement partie de ma vie. Cependant, ma manière de les aborder et de les gérer s’améliore sans cesse et un jour, cela me demandera moins d’efforts qu’aujourd’hui. Il m’en faut déjà beaucoup moins qu’il y a un an et pour moi, cela représente une réelle avancée.

Ce processus a été long et parfois déroutant, car il peut sembler infini. Parfois, il me faut une semaine entière pour réaliser que c’est le perfectionnisme qui a pris les rênes et que je suis devenu passagère. Mais ça fait partie du chemin.

Une fois que je prends conscience de cela, je me demande : qu’attend réellement ce perfectionnisme de moi ? Je m’engage alors activement dans un dialogue avec lui. Puis-je lui donner ce qu’il veut ? Puis-je rediriger mon état d’esprit vers quelque chose de plus bienveillant ? Et si je croyais que j’étais déjà suffisamment bien telle que je suis, imperfections comprises ?

Ce processus nécessite une pratique constante. Ce qui m’a le plus aidée, c’est d’apprendre à m’accepter telle que je suis, avec mes défauts. Cette acceptation est essentielle pour alléger la pression du perfectionnisme.

Pour moi, c’est le burnout qui a forcé ce changement. J’ai pris un congé sabbatique, pensant que cela me guérirait, mais j’ai vite compris que me retirer de la situation ne résolvait pas le problème sous-jacent. Ce n’est qu’en modifiant mon comportement que j’ai commencé à voir une véritable évolution. Ce chemin exige du courage et de l’engagement, il n’y a pas de raccourci.

 

  1. Si vous pouviez remonter le temps et donner un conseil à votre jeune personne sur le perfectionnisme, que lui diriez-vous ?

C’est une excellente question. Je lui dirais de pratiquer la bienveillance et l’acceptation de soi, plutôt que de chercher sans cesse l’approbation des autres.
Tu es maître de ta vie et tu as le pouvoir de changer les choses. Le perfectionnisme n’est pas quelque chose qui t’est imposé par les autres ; c’est une tendance que tu as intériorisée. Fais attention à ce qu’il te coûte réellement et demande-toi si tu es prêt à continuer à en payer le prix.
Essaye de faire appel à ton côté compatissant. Ta narration intérieure peut être très dure. Le moyen le plus simple pour y parvenir est de te poser la question suivante : que dirais-tu à un ami ou à un membre de ta famille si tu les voyais se comporter de la même manière que toi ?

 

*Une stratégie ESG (pour Environnement, Social, Gouvernance) désigne un ensemble de principes, d’actions et d’objectifs intégrés par une organisation ou une entreprise pour promouvoir le développement durable, l'éthique et la responsabilité sociétale. Elle permet de concilier la performance économique avec des préoccupations environnementales, sociales et éthiques.

**Le Label B-Corp (pour Benefit Corporation), lancé en 2006 aux États-unis, certifie des entreprises avec un impact sociétal et environnemental positif.

 

Read more

Le Manifesting: Outil de Résilience et d'Optimisme pour les Générations Modernes avec Victoria Jackson
manifesting

Le Manifesting: Outil de Résilience et d'Optimisme pour les Générations Modernes avec Victoria Jackson

Depuis quelques années, les pratiques de développement personnel connaissent un essor notable, en réponse aux défis et à l’incertitude du monde moderne. Que ce soit pour améliorer son intelligence ...

Read more
Briser les barrières du cancer : Shine et son engagement pour les jeunes adultes avec Ceinwen Giles
cancer

Briser les barrières du cancer : Shine et son engagement pour les jeunes adultes avec Ceinwen Giles

Bien que le cancer puisse toucher des personnes de tous âges, les défis uniques auxquels sont confrontés les jeunes adultes restent souvent ignorés par les associations de soutien traditionnelles. ...

Read more