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Article: Briser les silences, reconstruire des vies : le parcours de Devika Wood

Briser les silences, reconstruire des vies : le parcours de Devika Wood

Briser les silences, reconstruire des vies : le parcours de Devika Wood

Dans un monde où les défis émotionnels et psychologiques sont de plus en plus visibles, les statistiques dressent un tableau préoccupant : en 2024, près d'une personne sur cinq souffre de troubles mentaux, allant de l'anxiété à la dépression sévère. Ces chiffres révèlent non seulement l’ampleur de cette crise mondiale, mais aussi l'urgence de briser les stigmates persistants qui empêchent de nombreux individus de demander de l’aide. Lorsque ces troubles trouvent leurs racines dans des traumatismes profonds, comme des abus physiques ou émotionnels, ils laissent souvent des cicatrices invisibles mais tenaces, nécessitant un accompagnement adapté pour entamer un chemin de guérison.

Dans ce contexte, la création de lieux sûrs et inclusifs, où chacun peut se sentir écouté, soutenu et accompagné, devient une priorité. C’est précisément cette vision qui a inspiré la naissance de I AM ARLA*, une plateforme bien plus qu’un simple espace dédié à la santé mentale et à la résilience. Fondée par Devika Wood, entrepreneuse et militante, I AM ARLA est enracinée dans une histoire personnelle poignante : survivante d’une relation abusive, Devika a choisi de transformer ses blessures en une force motrice pour aider les autres. À travers son parcours, marqué par des abus émotionnels et physiques, elle a trouvé le courage de bâtir un espace où les femmes peuvent trouver des ressources pour rompre le cycle des traumatismes et reprendre le contrôle de leur vie.

I AM ARLA ne se limite pas à offrir des outils et des programmes pour répondre aux besoins des survivantes. La plateforme s’inscrit également dans une mission de transformation systémique : sensibiliser le public, amplifier les récits de résilience et plaider pour des réformes sociales. Elle aspire à un monde où les survivantes ne sont plus réduites au silence, mais célébrées pour leur courage et leur détermination.

Devika Wood, qui a débuté sa carrière chez Google, incarne cette vision avec passion et expertise. Elle a reçu de prestigieuses distinctions, notamment sa place dans la liste des 30 Under 30 de Forbes et sa reconnaissance comme l’une des femmes « qui changent le monde » par le magazine Glamour. Ces accomplissements renforcent sa mission de donner une voix à celles qui se sentent isolées, tout en proposant des solutions concrètes pour améliorer les services de santé mentale.

Dans cette interview, nous explorons son parcours inspirant, son engagement pour briser le cycle des traumatismes, et sa vision d’un avenir où les blessures du passé deviennent une force pour construire un avenir lumineux. 

  1. Quel a été le moment ou l'expérience décisive qui a solidifié votre décision de créer I AM ARLA ? 

Au début de ma vingtaine, j’ai vécu une relation violente et abusive. Une relation qui m’a marquée bien plus profondément que je ne saurais l’exprimer. Cette période a malheureusement conduit à mon échec en première année de fac, car j’ai passé l’essentiel de l’année absente, essayant de me reconstruire après les incidents. La relation était si contrôlante que cet homme m’a empêchée de voir mon grand-père juste avant son décès et ma grand-mère quand elle était gravement malade. Le niveau de violence était terrifiant, à tel point qu’il a tenté une nuit de mettre fin à ma vie. Cela a conduit à son arrestation. Ce qui était effrayant, c’est qu’il ne correspondait pas au stéréotype de l’abuseur que l’on voit sur les affiches ou les sites caritatifs. J’avais du mal à croire que quelqu’un comme lui pouvait être abusif. Ce qui est encore plus triste, c’est que j’ai reçu très peu d’aide lorsque j’ai consulté mon médecin généraliste. Je me sentais seule et effrayée, incapable de sortir du cercle vicieux qui m’a ensuite menée à d’autres relations abusives, jusqu’à ce que je rencontre mon mari à 29 ans. Aujourd’hui, nous sommes mariés depuis 6 ans, et il y a de la lumière au bout du tunnel. 

À 26 ans, lorsque j’ai lancé ma première entreprise, Vida, une plateforme de santé numérique qui propose des programmes personnalisés combinant technologie et soins humains pour traiter des maladies chroniques comme le diabète, l'obésité, et la dépression, tout en mettant l'accent sur le bien-être physique et mental, j’ai eu l’opportunité d’écrire une lettre à mon moi plus jeune pour le journal The Guardian. J’ai décidé d’y parler de ces abus et d’utiliser ma plateforme à des fins positives. Ce moment a changé ma vie. De nombreuses femmes ont lu mon histoire et sont venues me parler pour partager la leur. Depuis, je n’ai jamais cessé de raconter mon histoire, pour que d’autres femmes ne se sentent pas seules et puissent demander l’aide dont elles ont besoin.

 

  1.  En tant que survivante, vous avez partagé ouvertement l’impact des traumatismes sur votre vie. Comment le fait de partager votre histoire publiquement a-t-il transformé votre processus de guérison, et quel effet espérez-vous avoir sur celles et ceux qui traversent des expériences similaires ?

Si je devais désigner le moment décisif qui me pousse à continuer, ce serait sans aucun doute celui où j’ai compris que partager mon histoire était l’acte le plus puissant de ma vie. Cela m’a libérée d’un immense poids de honte qui pesait sur moi. J’ai enfin ressenti que les abus que j’avais subis ne définissaient pas qui j’étais. Pendant des années, je me suis sentie faible et insignifiante. Mais le jour où j’ai raconté mon parcours, j’ai relevé la tête. Mon corps, tout entier, s’est senti plus léger, empli d’une fierté que je n’avais jamais connue auparavant. C’est une sensation que je ne peux décrire avec des mots, mais qui m’a insufflé une force incroyable.

En partageant mon histoire, j’ai offert une voix à d’autres femmes ayant vécu des abus ou des traumatismes liés au genre. Elles ont pu se reconnaître dans mon expérience et, surtout, trouver un espace où leur propre souffrance n’était pas une source de honte. Je les ai encouragées à transformer cette douleur en une forme de résilience, en une véritable superpuissance. C’est là toute la puissance de raconter son histoire : semer l’espoir, briser les silences, et permettre à tant d’autres de ne plus souffrir seules.

 

  1. Comme vous l’avez déjà mentionné, en période de grande détresse, le système vous a souvent laissée tomber. Selon vous, quels changements systémiques seraient nécessaires dans les services de santé mentale pour mieux soutenir les femmes et les survivantes de traumatismes ?

Il est essentiel d’aborder la santé mentale de manière holistique, car chaque parcours est unique. Les services doivent donc s’adapter à cette diversité. C’est un domaine très sensible, et parfois, le simple fait de savoir que l’on n’est pas seule peut être un immense réconfort. Dans mon expérience, bien que l’on m’ait proposé des séances de thérapie, des antidépresseurs et des somnifères, rien n’a fonctionné. Ce qui m’a réellement aidée, c’est de me plonger dans le sport, ce qui m’a permis de reprendre le contrôle de mon corps et de reconstruire ma force. Bien sûr, ce n’est pas une solution universelle, mais il m’a fallu explorer différentes options pour comprendre ce qui me convenait.

Pour des cas comme le mien, impliquant des violences conjugales, le système doit être bien plus réactif et structuré. J’avais 21 ans lorsque mon agresseur a été arrêté. Moins de 24 heures après l’incident, on m’a demandé si je voulais porter plainte. J’étais dans un état émotionnel et physique tel que je n’étais pas en capacité de prendre cette décision. Un meilleur suivi, des services de soutien et des conseils pour m’informer de mes droits auraient été essentiels.

 

  1. Fort de votre expérience en tant que fondatrice de Vida, quelles leçons en avez-vous tirées pour la création de I AM ARLA ?

L’une des leçons essentielles est de s’assurer d’un bon ajustement produit-marché. Nous travaillons sur ce point en développant une communauté solide d’utilisatrices qui tirent réellement profit de nos services, à travers des événements en ligne et en personne. Il est également primordial de créer un modèle économique viable qui génère des revenus afin de garantir la pérennité du projet. Avec I AM ARLA, nous prenons le temps nécessaire, car le sujet est extrêmement sensible. Nous voulons nous assurer que nous construisons exactement ce dont les femmes ont besoin.

  1. Lancer une plateforme axée sur les traumatismes peut être émotionnellement exigeant. Comment gérez-vous votre propre bien-être mental tout en dirigeant I AM ARLA et en soutenant les autres ?

J’ai la chance d’avoir une cofondatrice incroyable, Lydia, qui est psychothérapeute somatique spécialisée dans les traumatismes. Elle joue un rôle essentiel en créant un espace de soutien pour toutes. Il est parfois nécessaire de faire une pause, car lire des témoignages ou partager ma propre histoire peut être intense. Ce genre d’expérience ne quitte jamais complètement votre corps, mais avec le temps, vous apprenez à lui laisser de l’espace. Être entourée de personnes qui comprennent cette réalité est crucial.

  1. Enfin, vous avez récemment entamé un nouveau chapitre dans votre vie en devenant maman, et vous semblez avoir trouvé un sentiment de paix et de bonheur. Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui se trouvent prises dans des cycles de traumatismes, pour les aider à atteindre la guérison et l’épanouissement ?

Briser le cycle est l’une des choses les plus difficiles, et il peut être facile de se sentir embourbée. Mais si vous trouvez cette force intérieure, cette petite flamme pour faire ce premier pas vers un nouveau départ, votre vie changera. Une fois que vous avez fait ce premier pas, les suivants deviennent plus faciles. Mon principal conseil serait de trouver quelqu’un en qui vous avez confiance, un espace sûr où vous pouvez parler librement de ce que vous traversez, sans jugement. 

Retrouver lentement votre voix est essentiel. Je vous promets que le monde au-delà des abus est magnifique, et j’ai hâte que vous le découvriez.

Liens:

I Am Arla: https://www.iamarla.com/

 

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