Comment les jeux peuvent devenir des outils puissants pour l’éducation à la vie sexuelle au collège et au lycée ?

(et accompagner efficacement la mise en œuvre de la loi EVARS)

Avec l’entrée en vigueur de la loi EVARS, l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle devient un enjeu central dans les collèges et lycées. Trois séances obligatoires par an doivent désormais être mises en place pour chaque élève, afin de mieux prévenir les violences sexuelles et sexistes, développer l’esprit critique et favoriser le respect entre jeunes. Mais face à cette nouvelle obligation, de nombreux établissements se posent la même question : quels outils concrets et efficaces utiliser pour aborder ces sujets sensibles ?

Les jeux pédagogiques apparaissent aujourd’hui comme une solution innovante, dynamique et accessible. Loin d’un cours descendant, le jeu éducatif crée un cadre bienveillant et participatif, idéal pour libérer la parole, susciter la réflexion et impliquer activement les élèves. Utilisés en classe, en atelier ou en vie scolaire, ces outils peuvent transformer une séance d’éducation à la sexualité en un moment d’échange constructif et marquant.

Dans cet article, nous explorons pourquoi et comment les jeux peuvent devenir de véritables alliés pour l’éducation à la vie sexuelle, en particulier au collège et au lycée. Nous verrons aussi comment les intégrer concrètement dans le programme EVARS, et quels types de jeux peuvent répondre aux besoins spécifiques des équipes éducatives.

Pourquoi les jeux sont des outils pédagogiques particulièrement efficaces

Un format interactif qui capte l’attention des élèves

Contrairement aux cours magistraux qui favorisent la passivité, les jeux pédagogiques plongent les adolescents dans une expérience active. Ils encouragent la participation de tous, y compris des élèves plus réservés, en créant un environnement moins intimidant. Le jeu devient un support neutre, qui permet d’aborder des sujets parfois tabous (consentement, respect, sexualité, émotions…) sans jugement ni gêne excessive.
En mobilisant des mécanismes ludiques — défis, cartes, mises en situation, coopération — les élèves retiennent mieux les messages transmis et s’impliquent davantage dans les discussions.

Un moyen de libérer la parole en douceur

Parler de sexualité à l’adolescence peut être délicat. Le jeu sert ici d’intermédiaire symbolique : on réagit à une carte, une situation ou une règle de jeu, plutôt qu’à sa propre expérience. Cela facilite énormément l’expression, tout en encadrant le débat.
Pour les enseignants et intervenants, le jeu devient ainsi un outil pour :

• Poser les bonnes questions,

• Identifier les idées reçues,

• Clarifier des notions clés (consentement, contraception, relations respectueuses, etc.),

• Favoriser les échanges entre pairs.

Un levier d’engagement émotionnel et cognitif

Les neurosciences confirment que l’apprentissage est plus efficace lorsqu’il implique émotions + action. En suscitant rires, étonnement, débats ou prises de position, le jeu stimule à la fois la mémoire affective et la réflexion critique. Les élèves sont alors plus enclins à retenir les messages liés à l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) et à les réinvestir dans leur quotidien.

Un outil adaptable aux âges et aux contextes

Les jeux pédagogiques peuvent être utilisés dans des contextes variés :

• En classe, dans le cadre des heures de vie de classe ou d’ateliers EVARS ;

• En petits groupes, pour des discussions plus ciblées ;

• Lors de séances menées par des infirmiers scolaires, éducateurs, associations ou professionnels de santé.
  Certains jeux sont spécifiquement conçus pour les collégiens, d’autres pour les lycéens, permettant d’adapter les contenus au niveau de maturité du groupe et aux objectifs pédagogiques fixés.

Grâce à cette combinaison unique d’interactivité, d’émotion et de participation, les jeux comme ceux de la gamme Sexploration de TOPLA constituent aujourd’hui un levier puissant pour aborder les enjeux de l’éducation sexuelle avec les adolescents.

L’éducation à la vie sexuelle au collège et au lycée : des enjeux spécifiques

L’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle ne peut pas se penser de la même manière pour tous les publics scolaires. Entre les collégiens en pleine construction personnelle et les lycéens aux identités plus affirmées, les besoins, les attentes et les réactions diffèrent fortement. Pour que ces séances soient vraiment efficaces, il est essentiel d’adapter les messages, les outils et les postures d’accompagnement.

Des publics très différents

Au collège, les élèves sont en pleine phase de transformation physique et psychologique. Ils découvrent leurs émotions, leurs limites et commencent à se confronter aux normes sociales. Les jeux peuvent alors servir à poser les bases : vocabulaire clair, compréhension du respect mutuel, apprentissage des notions de consentement et des différences entre relations amicales, affectives et amoureuses.

Au lycée, les enjeux évoluent : la construction identitaire s’affirme, les relations deviennent plus intenses et les questionnements autour de l’orientation, de la sexualité et de l’égalité prennent de l’ampleur. Ici, les outils pédagogiques doivent encourager l’expression personnelle, la réflexion critique et la capacité à débattre avec respect. Les jeux deviennent alors des leviers puissants pour aborder des sujets plus complexes, tout en maintenant une atmosphère sécurisante.

Des séances souvent contraintes par le temps et les moyens

La loi EVARS rend obligatoires trois séances d’éducation à la sexualité par an, mais dans la réalité, les équipes éducatives manquent souvent de temps, de formation ou de moyens pour les organiser sereinement. Les plannings sont serrés, les groupes parfois nombreux, et les intervenants doivent composer avec des emplois du temps très chargés.

Dans ce contexte, les jeux pédagogiques clés en main représentent une solution précieuse :

• ils sont rapides à mettre en place,

• facilement adaptables au nombre d’élèves,

• modulables selon le niveau et le contexte (classe entière, petits groupes, ateliers).

Ils permettent ainsi de gagner en efficacité, tout en conservant une dynamique vivante et participative.

Le rôle essentiel des adultes encadrants

Quel que soit l’outil utilisé, la réussite d’une séance repose en grande partie sur l’adulte qui l’anime. Enseignant·e, infirmier·ère scolaire, éducateur·trice, intervenant·e associatif·ve… tous jouent un rôle crucial pour :

• poser un cadre sécurisant et bienveillant,

• encourager l’expression sans jugement,

• reformuler ou approfondir les idées exprimées,

• et parfois, apporter des précisions ou des ressources complémentaires.

Le jeu ne remplace pas l’adulte : il sert de support déclencheur, qui facilite la prise de parole et rend le dialogue plus accessible. L’adulte, lui, garantit que la discussion reste respectueuse, structurée et constructive.

Exemples de jeux efficaces pour aborder ces thématiques

L’un des grands atouts des jeux est leur adaptabilité. Certains sont conçus pour les collégiens et permettent d’introduire les notions essentielles avec tact et humour ; d’autres sont davantage destinés aux lycéens et favorisent des échanges plus approfondis sur des sujets complexes (consentement, violences sexuelles, respect des limites, contraception, prévention des IST, orientation…).

Le tableau ci-dessous présente une sélection de jeux inclusifs adaptés à différentes tranches d’âge, ainsi que les bénéfices pédagogiques clés associés à chaque niveau

Intégrer les jeux dans un programme EVARS : conseils pratiques pour les établissements

Les jeux d’éducation sexuelle peuvent devenir de véritables alliés pour les équipes éducatives dans la mise en place du programme EVARS. Pour qu’ils révèlent tout leur potentiel, il est essentiel de bien les intégrer dans une démarche structurée, en amont, pendant et après les séances. Voici quelques bonnes pratiques pour optimiser leur impact dans les collèges et lycées.

Préparer l’atelier en amont

La réussite d’une séance repose d’abord sur une préparation rigoureuse.

• Choisissez les jeux en fonction de l’âge, du niveau de maturité et des objectifs pédagogiques. Certains jeux sont parfaits pour introduire des notions de respect ou de vocabulaire au collège, tandis que d’autres se prêtent mieux à des discussions plus complexes au lycée.

• Constituez des groupes adaptés : petits groupes pour favoriser la parole, ou grand groupe pour stimuler le débat collectif.

• Informez les élèves du cadre bienveillant dans lequel se déroulera l’atelier. Expliquer dès le départ qu’il n’y a pas de “mauvaise réponse”, mais des échanges respectueux, permet d’instaurer un climat de confiance.

Astuce pratique : prévoyez 10 minutes avant la séance pour installer la salle et placer les cartes ou supports à disposition. Cela permet de démarrer sereinement.

Animer efficacement une séance

Pendant la séance, le rôle de l’adulte est central. Plutôt que de délivrer un “cours magistral”, il s’agit d’adopter une posture de facilitateur :

• Laissez la parole aux élèves, encouragez-les à exprimer leur point de vue et leurs expériences, sans jugement.

• Évitez d’imposer une “bonne réponse unique” : l’objectif est d’explorer différentes perspectives et d’amener progressivement les jeunes à réfléchir de manière critique.

• Encadrez le débat avec bienveillance, en reformulant si nécessaire et en veillant à ce que chacun puisse s’exprimer dans le respect.

Cette posture facilite l’émergence de discussions authentiques et responsabilisantes, en phase avec l’esprit du programme EVARS.

Prolonger la réflexion après le jeu

Le moment du débrief est tout aussi important que le jeu lui-même. Il permet de :

• revenir sur les échanges,

• faire émerger des points clés,

• compléter avec des ressources pédagogiques fiables (textes officiels, documentation EVARS, brochures santé, associations locales),

• et orienter les élèves vers des adultes de confiance s’ils souhaitent aborder un sujet personnel.

Ce temps de discussion collective ancre les messages dans la durée et transforme le jeu en véritable levier d’apprentissage.

Un outil durable et modulable

Autre atout majeur : les jeux sont réutilisables et adaptables.
Ils peuvent être intégrés dans différents contextes éducatifs :

• cours d’EMC (enseignement moral et civique),

• ateliers spécifiques EVARS,

• séances de vie scolaire,

• interventions d’associations ou de professionnels de santé,

• événements de sensibilisation.

Cette modularité en fait un investissement durable pour les établissements : une fois les jeux acquis, ils peuvent être rejoués chaque année, avec des approches différentes selon les publics et les intervenants.

En intégrant intelligemment les jeux dans leur programme EVARS, les collèges et lycées disposent d’un outil concret, vivant et impactant pour aborder des sujets parfois délicats, tout en respectant les obligations légales et pédagogiques.

Conclusion : Faire des jeux des alliés durables de l’éducation affective et sexuelle

Les jeux s’imposent aujourd’hui comme des outils puissants et accessibles pour aborder l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle au collège et au lycée. Leur force réside dans leur capacité à impliquer activement les élèves, à créer un cadre bienveillant où la parole circule librement, et à rendre des sujets parfois sensibles concrets et vivants.

Face aux exigences nouvelles de la loi EVARS, les établissements scolaires ont besoin de solutions pédagogiques efficaces, structurées et simples à mettre en œuvre. Les jeux répondent parfaitement à ce besoin : ils sont réutilisables, adaptables à tous les âges et contextes, et offrent une approche à la fois sérieuse et engageante.

En choisissant les bons outils, les équipes éducatives peuvent transformer ces séances en véritables moments d’échange et d’apprentissage, qui laissent une empreinte durable chez les jeunes.

« Pour en savoir plus sur le programme selon les âges et une FAQ qui aide à la réflexion sur comment le mettre en oeuvre, vous pouvez consulter le site EDUSCOL.