Apprendre à se défendre: une clé essentielle dans la lutte contre le harcèlement
Comment lutter efficacement contre le fléau du harcèlement scolaire ? Les jeux pédagogiques, comme No Way, Bully !, offrent un cadre sécurisant pour comprendre les mécanismes du harcèlement et apprendre à agir sans violence mais en cassant le cercle vicieux de la relation entre harceleur et harcelé.

Comprendre le harcèlement : de quoi parle-t-on ?
Le harcèlement scolaire se caractérise par des agissements répétés (moqueries, mises à l’écart, menaces, humiliations, rumeurs, chantage, agressions, cyberattaques…) créant une situation de domination et un climat d’insécurité pour la personne visée. On distingue notamment :
- Le harcèlement verbal et social : insultes, sobriquets, isolement délibéré, propagation de rumeurs.
- Le harcèlement physique : bousculades, vols, dégradations, gestes blessants.
- Le cyberharcèlement : messages, images, vidéos ou groupes hostiles en ligne, qui amplifient l’impact par leur diffusion et leur permanence.
Les conséquences pour la victime peuvent être lourdes : anxiété, repli, perte d’estime de soi, baisse des résultats, troubles du sommeil, phobie scolaire. L’enjeu est donc d’agir tôt, avec des outils qui parlent aux jeunes et les rendent acteurs d’un climat scolaire bienveillant.
Le cadre légal : responsabilités et devoir d’agir
En France, les faits de harcèlement entre élèves relèvent du droit pénal. Ils peuvent être qualifiés d’infractions et donner lieu à des sanctions (mesures éducatives, peines d’amende et peines d’emprisonnement selon la gravité, l’âge des personnes impliquées, la nature des faits et leurs conséquences). Le cyberharcèlement est également réprimé. Les circonstances aggravantes (par exemple la vulnérabilité de la victime ou l’organisation des faits via des outils numériques) peuvent alourdir les peines.
Les établissements scolaires ont un devoir de prévention et de protection : mettre en place des actions d’éducation, des dispositifs d’alerte et d’accompagnement, et signaler les situations graves. Les familles, les personnels éducatifs et les élèves témoins ont, eux aussi, un rôle déterminant : repérer, alerter, soutenir.
Au-delà des textes, la prévention la plus efficace reste d'aider les jeunes à reprendre le contrôle et à trouver en eux les outils pour sortir de la situation.
L’empathie est-elle suffisante ?
L’empathie est la capacité à comprendre les émotions et les besoins d’autrui. Développer cette compétence chez les enfants permet :
- D’augmenter la sensibilité des témoins : au lieu de rester passifs, ils identifient mieux une situation problématique et savent comment intervenir de façon sûre et utile.
- De réduire la banalisation : blagues « pour rire », défis, moqueries… l’empathie aide à mesurer l’impact réel sur la personne qui subit.
- De favoriser la réparation : un élève qui comprend l’autre est davantage disposé à présenter des excuses, à restaurer la relation et à changer ses comportements.
Malheureusement l'appel à l'empathie ne suffit pas et bien souvent n'est pas efficace dans une situation déjà installée de harcèlement. Le plaisir de dominer, la peur d'être soi-même harcelé sont plus forts que la compassion.
Le jeu comme terrain d’entraînement émotionnel

Le jeu inclusif offre un espace protégé pour expérimenter, réfléchir et apprendre sans stigmatiser. Avec No Way, Bully !, les joueurs sont confrontés à des situations réalistes de harcèlement (à l’école, sur internet…), puis explorent des réponses possibles : que peut-on faire pour se protéger, à qui parler, comment un témoin peut soutenir, quelles alternatives non violentes pour sortir d’une escalade ?
Chaque tour suit une logique simple et efficace :
- Découverte d’un scénario court et concret.
- Choix argumenté d’une ou plusieurs réactions possibles.
- Débat en groupe : analyse des conséquences, ce qui aide, ce qui aggrave, ce qui protège.
- Mise en perspective grâce à des rappels de bonnes pratiques et à des pistes d’action.
Ce cadre ludique vise à redonner confiance et espoir : il est possible de sortir du harcèlement en changeant sa posture.
Compétences travaillées avec No Way, Bully !
- Reconnaître une situation de harcèlement et la distinguer d’un conflit ponctuel.
- Identifier les émotions en présence (peur, honte, colère, culpabilité) et nommer ce que l’on ressent.
- Réfléchir à des actions possibles : lesquelles sont risquées ? Lesquelles sont plus efficaces ? Pourquoi ?
- Se préparer : les jeunes peuvent s'appuyer sur les réponses pour trouver en eux-mêmes les meilleures solutions.
Conseils d’animation pour enseignants, éducateurs et familles
Pour tirer le meilleur du jeu, quelques principes facilitent l’apprentissage et la sécurité émotionnelle :
- Installer un cadre bienveillant : règles simples (respect de la parole, confidentialité, droit de passer).
- Adapter les scénarios à l’âge et au vécu du groupe. On peut sélectionner les cartes "Situation" selon l'âge des joueurs. Certaines sont spécifiques au collège et au lycée.
- Valoriser les alternatives : chaque tour vise à élargir la palette de réactions possibles, pas à chercher « la seule bonne réponse ».
- Clore par une synthèse : récapitulatif des signaux d’alerte, personnes ressources, numéros internes de l’établissement, procédures d’alerte, solutions efficaces
Repères juridiques et éducatifs à transmettre aux jeunes
Sans transformer la séance en cours de droit, il est utile de rappeler des repères simples :
- Le harcèlement est interdit par la loi et peut être sanctionné. L’outil numérique ne protège pas de la responsabilité : publier, relayer, liker des contenus blessants peut engager la responsabilité de l’auteur.
- Les établissements ont l’obligation d’agir : prévention, protection, signalement, accompagnement des victimes et travail éducatif avec les auteurs.
- Les témoins ne sont pas impuissants : ils peuvent interrompre une situation en allant chercher un adulte, soutenir la personne visée, et refuser de relayer en ligne.
Présentés ainsi, les repères renforcent la confiance : chacun sait ce qu’il peut faire, ce qu’il doit éviter et à qui s’adresser.
Exemples de déroulement d'un atelier et d'un jeu
| Objectif | Mise en jeu possible | Compétence visée |
|---|---|---|
| Identifier une situation de harcèlement | Lecture d’un scénario court, vote « harcèlement / conflit » puis débat argumenté | Analyse, repérage des signes, esprit critique |
| Réfléchir sur les actions possibles | « j'ignore », « je fais de l'auto-dérision », « je vais chercher un adulte », discussion sur les conséquences | Reprise du contrôle, responsabilité, sécurité |
| Sortir d’une escalade | désamorcer sans humilier, formuler un message clair | Communication non violente, maîtrise de soi |
Ce que les enfants retiennent le plus
- le harcèlement s'arrête rarement tout seul : il ne faut pas se laisser faire et trouver comment se défendre sans violence
- Les témoins comptent : un regard, un mot, une main tendue peuvent tout changer.
- En ligne aussi, on est responsable de ce que l’on relaie et de ce que l’on commente.
- Demander de l’aide n’est pas trahir : il faut dire à l'adulte qu'il ne doit rien faire sans l'accord de l'enfant ou de l'ado qui vient se confier sur une situation de harcèlement
No Way, Bully ! dans un parcours de prévention
Le jeu s’intègre facilement dans un projet annuel : séances de sensibilisation, semaines thématiques, heures de vie de classe, ateliers parents-élèves, actions du comité de prévention. On peut également l’utiliser en accompagnement d’une situation repérée, pour redonner des mots aux élèves et reconstruire un collectif sécure.







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